Construire des Travailleurs et des Conseils Populaires! À Bas le Régime du Président Jovenel Moise! Pour Un Gouvernement Ouvrier Et Paysan Pauvre!
Déclaration de la Courante Communiste Révolutionnaire Internationale (CCRI), 21 juillet 2018, www.thecommunists.net
1. Une insurrection populaire a renversé le gouvernement du Premier ministre haïtien, Jack Guy Lafontant. Lafontant a été contraint de démissionner le 14 juillet après des jours de violentes manifestations de masse. Les travailleurs et les pauvres contrôlerent efficacement les rues principales de la capitale, Port-au-Prince, ainsi que la ville de Cap-Haïtien, dans le nord du pays. De même, les masses bloquèrent les routes et paralysèrent la vie publique dans d'autres villes de province du nord, sur le plateau central et dans le sud. Au moins sept personnes ont été tuées et des dizaines d'entreprises pillées ou détruites. Bref, une situation révolutionnaire s'est ouverte en Haïti.
2. Ce soulèvement populaire a débuté après que le gouvernement a présenté une proposition visant à éliminer les subventions aux combustibles qui, à leur tour, auraient fait grimper les prix du combustibles: 38% pour l'essence, 47% pour le diesel et 51% pour le kérosène. Cette augmentation des prix aurait eu des conséquences brutales compte tenu du fait que la masse de la population est obligée de cuisiner au charbon et au kérosène parce qu'elle n'a pas accès à l'approvisionnement en gaz. À la suite de la révolte, le gouvernement a été contraint de retirer ce plan. Cependant, les protestations se sont poursuivies jusqu'à la démission du Premier ministre Lafontant.
3. L'élimination des subventions aux produits pétroliers a été l'une des conditions d'un accord que le gouvernement a signé avec le Fonds Monétaire International (FMI) en février. Haïti fait face à un dévastateur piège de la dette - un résultat de siècles de colonialisme et de domination impérialiste. Aujourd'hui, le pays est oppressé par une dette publique d'environ 3 milliards de dollars US, dont 1 milliard représente la dette interne et 2 milliards de dollars de dette extérieure. Le FMI exploite cette situation pour appliquer des brutaux programmes d'austérité .
4. Dans l'histoire d'Haïti, les maîtres impérialistes pouvaient souvent compter sur l'aide de loyaux laquais locaux. Le plus connu a été le tristement célèbre clan Duvalier avec les dictateurs meurtriers "Papa Doc" et "Baby Doc". Aujourd'hui, Haïti est dirigée par le président Jovenel Moise - un homme d'affaires corrompu qui est arrivé au pouvoir par des élections frauduleuses en 2015 et 2016 qui ont été en grande partie boycottées par la population. Moise est un laquais bourgeois des puissances impérialistes.
5. Le régime de Moise ne pourrait pas survivre sans le soutien économique, politique et militaire des puissances capitalistes étrangères. L'un de ces piliers est la soi-disant Mission des Nations Unies Pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH, récemment rebaptisée MINUJUSTH). La MINUSTAH a commencé son occupation d'Haïti en 2004 après le coup d'État lancé par les Etats-Unis contre le président Jean-Bertrand Aristide. La MINUSTAH comprend environ 5 000 militaires et policiers, dirigés par des unités de l'armée brésilienne. Cette mission a toujours été une force pro-impérialiste afin de protéger les dirigeants réactionnaires en Haïti. La mission de la MINUSTAH a reçu le soutien de divers gouvernements «progressistes» comme ceux de Lula au Brésil, de Kirchner en Argentine ou de Morales en Bolivie qui démontre une fois de plus le caractère pro-impérialiste de ces forces.
6. À la suite des siècles de domination impérialiste et d'exploitation capitaliste, une grande partie de la population d'Haïti vit dans la pauvreté absolue. Environ 60% de la population d'Haïti vit avec moins de 2 dollars par jour et sont extrêmement vulnérables à la hausse du prix des biens et des services. D'un autre côté, les 10% d'Haïtiens les plus riches reçoivent 70% du revenu total du pays.
7. La Courante Communiste Révolutionnaire Internationale (CCRI) salue vivement l'insurrection populaire des ouvriers et des paysans en Haïti. C'est un autre maillon d'une série de soulèvements populaires que nous avons vus au cours des 6 derniers mois dans le monde et qui pourrait être le signe avant-coureur d'une nouvelle phase politique mondiale de crise, d'instabilité et de tourmente révolutionnaire. Les révoltes de masse au Nicaragua, en Palestine, Syrie, Jordanie, Irak, Yémen, Tunisie, Maroc et en Iran démontrent que la classe ouvrière et les masses populaires dans un nombre croissant de pays ne sont plus disposées à accepter l'exploitation et l'oppression capitalistes!
8. Il est d'une importance cruciale que les travailleurs et les paysans pauvres en Haïti utilisent la crise actuelle de la classe dirigeante. Le soulèvement qui a fait tomber le gouvernement de Lafontant était en grande partie spontané. Cependant, pour se débarrasser du régime du président Jovenel Moise, les masses doivent s'organiser en conseils populaires de travailleurs et dans les lieux de travail, les quartiers, les écoles et les universités. De tels conseils devraient diriger la lutte et organiser une grève générale. Pour se défendre contre l'appareil de répression, les conseils devraient créer des milices populaires.
9. Les revendications clés de la lutte doivent être l'annulation de la dette extérieure, la création d'un programme public d'emploi, l'expropriation de la bourgeoisie parasitaire et la nationalisation des secteurs clés de l'économie sous contrôle ouvrier. La lutte devrait également viser à faire tomber le régime de Moïse et son remplacement par un gouvernement de travailleurs et de paysans pauvres. Le programme de la révolution ouvrière en Haïti peut s'appuyer sur la fière tradition de ce pays qui fut le lieu de la seule révolte des esclaves réussie dans l'histoire moderne. Dirigées par l'ex-esclave Toussaint L'Ouverture, les masses opprimées d'Haïti ont mené une lutte de libération de 1791 à 1804 qui a créé un État à la fois libre de tout esclavage et dirigé par des non-Blancs et d'anciens captifs.
10. Plus important encore, les socialistes doivent faire avancer la construction d'un parti révolutionnaire au niveau national et international. Seul un tel parti peut donner le leadership nécessaire à ces luttes. Seulement un tel parti peut transmettre le programme socialiste aux masses. C'est donc la tâche centrale de toutes les forces révolutionnaires cohérentes de se concentrer sur la construction d'un tel parti. La CCRI exhorte tous les révolutionnaires d'Haïti à se battre ensemble pour la création d'un tel parti.
* Victoire au soulèvement populaire des ouvriers et des paysans pauvres en Haïti! À bas le régime du président Jovenel Moise!
* Annuler toutes les dettes étrangères!
* Pour un programme d'emploi public sous le contrôle des travailleurs et de l'organisation populaire! Un tel programme pourrait abolir le chômage et la pauvreté et aider à reconstruire le pays! Il devrait être financé en expropriant l'élite riche!
* Organisez une grève générale ilimitée! Pour la formation des travailleurs et des conseils populaires dans les lieux de travail, les quartiers, les écoles et les universités!
* Pour un gouvernement de travailleurs et de paysans pauvres!
Secrétariat international de la CCRI
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